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Café Littéraire. Espace ou naissent et se croisent toutes formes d'écrits: slams/poésie/contes/nouvelles/romans/théâtre. Tous les jeudis de 18h à 20h au CEBULAC (Burundi Palace, 1er étage), en plein centre de Bujumbura. Entrée libre et gratuite.

mercredi 27 février 2013

Avec le vent


Il est des nuits où, lasse de pleurer, la mélodie qui, vainement cherche des chanteurs, se laisse apprivoiser par une âme d’un passant inconnu
L’oiseau de nuit, triste, quitte son nid et dans le ciel décrit le chemin des marcheurs de la nuit dans le sens du vent
Dur d’oreille, de mon regard, j’écoute battre le cœur des nuages pour y lire le destin de mon unique saison -celle des abeilles,
La saison des fleurs, sans avertir, d’un trait brusque, se ferme sur un point d’orgue d’une note en mode mineur
L’espoir, en embruns, en fragments ou en amas de souvenir  des temps lointains, d’avant le temps des abeilles fuit
Et en nectar qui attrape l’abeille, je reste éveillé pour ne pas rater le passage du vent
Le sommeil est pour ceux qui, d’un pas hésitant ont interrompu la marche avant d’avoir traversé la mer rouge.
De nuit et de jour, à ma façon, je suis la mélodie du vent qui me dit que le ciel est une immense plaine d’étoiles qui cherchent les bergers
Tôt ou tard, je serai vainqueur. Je deviendrai la clef de sol pour faire route avec le vent…
Thierry Manirambona

samedi 23 février 2013

"Congo, une histoire" à lire

L'ouvrage est à retrouver notamment à la
bibliothèque de l'Institut 
Français du Burundi

Prix Médicis, dans la catégorie Essai, ce pavé de 700 pages est ce qu'il y a à la fois de plus humain et d'exigeant en matière d'écriture sur une histoire riche, très large, longue, africaine, mondiale, violente et actuelle, celle d'un pays, la République Démocratique du Congo. Survol*
Par Roland Rugero
Il est des livres à être lus, par l'ampleur de leur regard qu'ils offrent sur la marche du monde. Ainsi est Congo, une histoire (Actes Sud, 2010) dans lequel David Van Reybrouck, un archéologue flamand, nous entraîne dans les 90.000 ans de la touffeur de l'histoire de l'actuelle RDC, dense comme sa forêt. Un travail de fourmi pour lequel l'auteur, par ailleurs journaliste, prélèvera 6 ans de sa vie pour consulter, entre autres, 5.000 sources, après avoir renoncé à une brillante carrière académique.
Voici donc le vieux Nkasi, 126 ans, un miracle de la vie, qui permettra à l'essayiste belge d'avoir « une vue panoramique de l'histoire du Congo, depuis la fin du 19ème siècle jusqu'à nos jours. » Voilà Regine et Ruffin, l'une directrice d'une école catholique pour filles, l'autre jeune écolier, tous Zaïrois de l'an 1990, au cours duquel Mobutu annonce la fin du parti-État. Pierrot Bushala analyse un mariage raté au début des années 1990, pour cause de la montée des tensions ethniques. Les sœurs Fatima et Fina, commerçantes, harassées par les aléas des affaires dans ce pays-continent qui, au passage, possède « les douanes les plus chères au monde.» Commandant César qui a servi sous Mobutu, Kabila père puis fils, avant de s'offrir une brochette de pays de l'Asie à la recherche d'un asile. Albert Tukeke, 80 ans, guichetier avant l'indépendance et lointaine parenté de Patrice Lumumba, qui parle des milles et unes humiliations infligées par les Belges aux Congolais. Les écrits du père Tempels sur La Philosophie Bantoue, etc.
Une tonalité originale
Au total, 500 témoins oraux qui donnent au texte une richesse humaine unique sur le sujet : «J'étais mal à l'aise sur le Congo avec ce que j'avais appris à l'école ou les histoires familiales», concède David, en expliquant les raisons qui l'ont poussé à se consacrer au sujet. Son père était au Katanga comme coopérant de 1962 à 1966. Et « dans ma jeunesse, j'étais toujours fier de dire : Mon père n'était pas au Congo en colon, mais après l'Indépendance ! Mais je me suis rendu compte, plus tard, que l'époque et la région dans lesquelles il a travaillé était caractérisé par une espèce de 'colonialisme tardif' … »
A travers cette Histoire du Congo, écrite à l'aide d'histoires du quotidien, émerge des millions de voix d'un peuple, à l'origine composé des centaines de tribus, dont les membres seront bientôt exilés, séparés, rassemblés ou tués pour assouvir les besoins de la métropole belge en matières premières pour ses industries.
Cela commence avec la mainmise du roi Léopold II sur le Bassin du Congo, avec la « fameuse » Conférence de Berlin à l'issue de laquelle il devient, par union personnelle, roi-souverain de l’État Indépendant du Congo (EIC) : «Il faut remonter loin, dans l'histoire occidentale, au 6ème siècle, pour voir une telle identité entre un souverain et son territoire», explique David van Reybrouck. Le commerce d'ivoire du roi ayant échoué (tous les éléphants ont été abattus), la « rentabilité » de la colonie sera assurée avec l'explosion de la demande mondiale en caoutchouc, suite à l'invention du pneu par l'Écossais Dunlop. En 1908, face au tollé mondial que suscitent les atrocités commises dans l'exploitation du Congo, Léopold II fait brûler les archives sur son aventure africaine, avant que la Belgique reprenne officiellement la colonie.
Les péripéties d'un peuple
Saviez-vous, par la suite, que la force publique congolaise a pourchassé les Allemands en Tanzanie lors de la première guerre mondiale et les Italiens en Éthiopie lors de la seconde ? Qu'il y a eu des militaires congolais jusqu'en Birmanie ? Qu'à l'heure de l'indépendance, en 1960, le Congo était le pays de l'Afrique sub-saharienne le plus alphabétisé, avec 140.000 km de routes goudronnées, des centaines d'hôpitaux et d'écoles contre … 16 diplômés d'université, en psychologie et en pédagogie principalement, pour gérer un pays de 2,345 millions de km², du jour au lendemain ? Que l'Église catholique a activement participé à freiner le développement intellectuel de l'élite congolaise ? Que la musique y a toujours joué un rôle politique ? Que l'africanisation de l'armée congolaise par Lumumba dans les 15 jours qui suivirent l'obtention de l'Indépendance fut une terrible erreur dont les conséquences se font toujours sentir ? Que durant les 6 premiers mois de son indépendance, le Congo allait connaître une grave mutinerie dans l'armée, une fuite massive des Belges suivie de l'invasion de l'armée belge, puis l'intervention militaire des Nations Unies (dont un secrétaire général tué, fait unique dans l'histoire de l'organisme), le soutien politique de l'Union Soviétique, une crise constitutionnelle sans égal, deux sécessions (au Katanga, puis au Kassaï) portant sur un tiers de son territoire, en plus de la mort tragique de son premier ministre arrêté et torturé ?
Et qu'en renommant « Zaïre » le pays qu'il a pris de force, et par la ruse, en 1965, Mobutu Sese-Seko copie une faute d'orthographe commise par un cartographe portugais du 16ème siècle qui, à l'origine, voulait écrire Zadi (« rivière », en kikongo) ?
Voilà pourquoi il faut lire Congo, une histoire.
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*Cet article est rédigé entre autres avec des extraits de l'émission « Idées » du 2 novembre 2012 sur RFI, dans laquelle Edouard Deldique accueillait David van Reybrouck ...

jeudi 14 février 2013

Découverte du Panorama des littératures francophones d’Afrique


Le 6 décembre dernier, à l'Alliance française Paris Ile-de-France était présenté ce livret numérique gratuit qui recense 150 écrivains africains d'expression francophone à travers 250 ouvrages publiés entre 1930 et 2012. Pourquoi faut-il le télécharger ? Par Roland Rugero.

Un document téléchargeable gratuitement ici
"Si l’on excepte quelques rares pionniers qui les ont précédés, c’est essentiellement dans les années 1930 que les écrivains africains ont fait leur apparition sur les rayons des bibliothèques. Pour l’essentiel, leur mission était alors d’affirmer une présence,de dire cette partie du monde qui avait été jusqu’alors absente si ce n’est au travers du prisme déformant d’une lorgnette occidentale, souvent exotique ou coloniale. [Ils] ne voulaient plus être les sujets d’observation d’un regard extérieur, fût-il bienveillant ; ils ne voulaient plus être photographiés mais se saisir de l’appareil, prendre eux-mêmes la photo et dire : « Voilà comment nous sommes ! »

Voilà comment Bernard Magnier, Directeur de la collection "Lettres africaines" aux éditions Actes Sud et auteur du Panorama des littératures francophones d'Afrique introduit le premier des sept chapitres intitulé Photographier ... Ne plus être photographiés. Suivent Histoires d'enfants, de femmes, de famille, Les traces de l'Histoire, De la révolte aux lendemains qui déchantent, Au cœur des années 1990 : des guerres, un génocide, des enfants-soldats, Afrique/Europe : aller-retour ?, D'autres horizons littéraires.

En tout, 106 pages au cours desquelles on (re)découvre des  romanciers, des nouvellistes, des poètes, essayistes, auteurs de bandes dessinées ou dramaturges d'Afrique avec un seul fil conducteur : "Présenter la richesse et la diversité des littératures africaines écrites en français, ... dans la globalité géographique du continent en défiant les habituelles partitions établies entre le Nord (essentiellement le Maghreb auquel il convient d’adjoindre l’Égypte et la Libye souvent oubliées) et le Sud saharien" révèle Bernard Magnier à Stéphanie Dongmo. 

L'objectif second est en forme d'invitation, le panorama étant « un outil de découverte, un travail destiné aux enseignants, bibliothécaires, documentalistes mais aussi à tous les lecteurs curieux », souligne Bernard Magnier.

Souvent commises par des Africains qui occuperont un rôle politique dans leurs pays ultérieurement à leur carrière, couchées dans un contexte éditorial douloureusement dépendant de Paris et se voulant témoin à la fois de l'Afrique et du monde, à quoi ont servi ces littératures des pays africains francophones ? « À tout. À rien ! Comme dans n'importe quel autre lieu de la planète. Comme toute œuvre d'art : parfaitement inutile et totalement indispensable ! » répond son auteur. Une raison supplémentaire de parcourir le panorama.

samedi 9 février 2013

"L'Afrique qui vient"


Étonnants Voyageurs, le Festival international du livre et du film traditionnellement basé à Saint-Malo (France) se passe cette année du 13 au 17 février 2013 à Brazzaville (Congo). Pourquoi ce voyage ? 
Dans un éditorial intitulé "L'Afrique qui vient", l'écrivain franco-congolais Alain Mabanckou répond ...

Alain Mabanckou
Beaucoup de manifestations ont été organisées sur l’Afrique, mais trop souvent hors d’Afrique, privant, hélas, toute une jeunesse en éveil de la possibilité de l’échange, et donc de l’opportunité de dire un mot sur le monde, en face du monde et avec le monde. La littérature, la musique, le cinéma sont autant de domaines où s’affirment de plus en plus une génération de créateurs qui rêve d’une Afrique consciente de marquer par l’imaginaire ce que sera notre humanisme. 

Dans l’espace anglophone de grands noms ont reçu le prix Nobel de littérature : le Nigérian Wole Soyinka (1986), l’Egyptien Naguib Mahfouz (1988), les Sud-Africains Nadine Gordimer (1991) et J M Coetzee (2003). En langue française, l’année 2006 fut marquée par l’émergence de nouvelles voix : Léonora Miano (Goncourt des Lycéens, 2006) Alain Mabanckou (Prix des Ouest-France/Etonnants Voyageurs 2005 ; prix Renaudot, 2006), Kossi Efoui et Wilfried N’Sondé (respectivement prix des Cinq Continents de la Francophonie, 2007 et 2011), Gilbert Gatore (prix Ouest-France/Etonnants Voyageurs 2008). La littérature de l’espace lusophone, peu connue en France compte des noms prestigieux (Mia Couto, Jose Agualusa) et le monde hispanophone reste à découvrir. 

Le Festival Étonnant Voyageurs – qui avait consacré en 2002 une édition sur les Nouvelles voix d’Afrique à Saint-Malo, et plusieurs à Bamako – a vu la plupart de « ses » invités alors inconnus ou presque du public s’imposer dans le paysage littéraire français, avec la même préoccupation : contribuer non seulement à faire le bilan de l’Afrique contemporaine mais aussi dessiner les contours de celle qui vient. L’édition d’Etonnants Voyageurs à Brazzaville confirmera la place du Festival dans cet élan et aura pour ambition d’illustrer cette vitalité de l’imaginaire à travers le monde. Une centaine d’auteurs, de cinéastes et de musiciens d’Afrique et des quatre coins du globe diront non seulement ce continent qui bouge, mais aussi celui qui naît sous nos yeux. Brazzaville redeviendra le carrefour des Lettres africaines qu’il fut jadis avec la revue Liaison et la consécration des voix majeures comme Tchicaya U Tam’si, Sony Labou Tansi, Henri Lopes ou Emmanuel Dongala ...