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jeudi 13 décembre 2012

Rencontre avec Fiston Nasser Mwanza : « …Écrire en français, c'est appartenir à une fratrie multiculturelle »

Akademie Graz, Journée européenne des langues, 26 septembre 2011
(Droits réservés)
Médaille d'or au Jeux de la Francophonie de Beyrouth pour sa nouvelle La nuit, cet enfant de Lubumbashi - en RDC vit désormais à Graz, en Autriche. Doctorant en littérature, présent quand il s'agit des lettres que ce soit dans sa patrie ou ailleurs, le travail de Fiston va de la poésie à la nouvelle, en passant par le théâtre. L'écrivain répond à Roland Rugero, sur la question des pages littéraires du Magazine Iwacu de décembre 2012 : " Que veut dire écrire en français ? "

Que veut dire « écrire en français » pour toi ?

C'est appartenir à une fratrie multiculturelle: de Jean Bofane à Michel Tremblay en passant par Milan Kundera, Assia Djebar, Edouard Glissant, Louis Aragon, Alain Mabanckou... C'est le fait de s'exprimer dans une langue africaine, une langue qui m'est proche, ma propre langue. C'est aussi un accident de l'histoire. Si le pays était une colonie russe, nous écririons dans une autre langue.

Quel sens donnes-tu à la tenue du dernier sommet de la Francophonie dans ta terre natale ?

Le Congo est le premier pays francophone devant la France. Il était temps qu'un telle rencontre se tienne en Afrique centrale. Je pense que c'est une marque de reconnaissance.

En 2009, tu recevais une médaille d'or aux 6èmes Jeux de la Francophonie ... Qu'est-ce que cela a changé dans ton parcours artistique ?

C'est une récompense honorifique. Rien n'a vraiment changé dans mon parcours. On continue à écrire, on se débrouille...

Que ressens-tu quand on parle de la « génération montante de la littérature en RDC » ?

Une double responsabilité. La "génération montante" doit relever le défi sur le plan de l'écriture. Le Congo des années 80 a fait une contribution exceptionnelle au monde littéraire avec Valentin-Yves Mudimbe, Pius Ngandu Nkashama, Georges Ngal, pour ne citer que ceux-là. Il appartient à la nouvelle génération de (ré)écrire l'histoire nationale et de raconter le pays, un pays n'existant que sur papier. Selon moi, et mon évangile n'est pas celui de Saint-Paul, les jeunes écrivains congolais gagneraient à travailler dans l'optique du Groupe 471. Je demeure optimiste au regard de ce qui se produit au pays et dans la diaspora.

Parles-nous un peu de cette aventure Moziki Littéraire avec Bibish Mumbu et Papy Maurice Mbwiti ... Pourquoi une voix à trois sonorités ?

Le Moziki littéraire est un pont (in)visible entre Kinshasa, Graz et Montréal pour contourner nos solitudes respectives. Nous nous fixons des thèmes sur lesquels nous écrivons et Africultures sert de relais en diffusant nos textes à travers son site internet2. Cette entreprise est née d'une urgence, ce besoin de raconter à l'autre ses frustrations, sa joie de vivre là où le pays n'existe souvent plus que sur papier. L'ensemble des textes sera publié sous forme d'une anthologie qui sera distribuée dans les écoles de Kinshasa et de Lubumbashi, principalement celles par lesquelles nous sommes passés. L'année prochaine, nous présenterons notre anthologie au Festival des Francophonies en Limousin.

Tu publies en allemand, aussi ... A quelle conversations peut-on s'attendre entre tes textes en français et ceux en allemand ?

Ma littérature garde la même fêlure nonobstant la langue d'écriture et de traduction. Je modifie toujours les textes destinés à la traduction en changeant le déroulement de l'intrigue ou le nom du personnage. Lorsque j'écris en français pour une revue de langue allemande, il m'arrive de proposer directement à mon traducteur la traduction de certaines phrases. Je n'ai pas de pitié pour moi même, ni pour mes textes. Suivant la langue, je coupe, je falsifie, je corrige, je modifie, j'enlève, je change la tête du personnage ou même son sexe à l'instar du personnage central de ma pièce Gott ist ein Deutscher (Dieu est un Allemand) jouée récemment en Autriche qui est de sexe masculin dans la version française.

Quel mot est le plus étrange pour toi, dans la langue française ? Et pourquoi ?

Caravansérail. Le mot semble signifier autre chose que ce qu'il désigne ...

Quels projets littéraires ? Fiston : « Mon recueil de poésie Der Fluss im Bauch/ Le Fleuve dans le ventre sort au plus tard en janvier 2013 aux Editions Tannhäuser. Je travaille sur le scénario d'un film qui relate les aventures kafkaïennes d'un saxophoniste congolais. Je viens de traduire en allemand Et les moustiques sont des fruits à pépins, une de mes pièces de théâtre dont la mise en lecture est prévue pour l'année prochaine en marge d'un festival des jeunes auteurs. Avec Patrick Dunst, un ami saxophoniste, nous avons des lectures de Naima, un dialogue entre la poésie et le saxophone »
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1 Groupe 47 : désigne un ensemble d'écrivains de langue allemande créé en 1947, actif jusqu'en 1967 et ayant eu une importance considérable pour le renouveau de la littérature allemande d'après-guerre

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